Ladhamba Tayem ; Future Continuous emprunte son nom à l'inflexion verbale qui spécifie le temps de l'action ou de l'état, où tayem est futur et ladhamba est continu dans notre langue indigène Yakthung (Limbu). En accord avec ma pratique actuelle, le Futurisme Adivasi (comme je l'appelle), j’imagine des futurs où les actions et l'existence des peuples indigènes seront toujours dans le continuum espace-temps. Cette œuvre imagine une conversation entre deux peuples indigènes issus de lignes temporelles très différentes, l'un étant un personnage historique - un guerrier Yakthung du XVIe siècle appelé Kangsore combattant l'armée coloniale, et l'autre étant un astronaute indigène ou un voyageur dans le temps d'un futur lointain. Ils parlent du temps et de l'espace à partir de leurs perspectives temporelles et, ce faisant, ils invitent le spectateur - les personnes qui se trouvent entre leurs lignes temporelles - à s'interroger sur leur propre rôle ou leur rôle potentiel dans le continuum espace-temps. Le voyageur temporel indique ce à quoi l'avenir pourrait ressembler pour nous ou les possibilités auxquelles nous voulons aspirer, tandis que le guerrier nous rappelle la lutte contre le colonialisme et les combats que nous devons mener.

Dans le futur, les nationalités autochtones auront créé une technique appelée thakthakma - qui signifie littéralement "tisser à la main", un terme inspiré de la pratique du tissage de nos ancêtres - une technique permettant d'entrer dans différentes lignes temporelles ou, en d'autres termes, de tisser le temps. D'une certaine manière, je considère donc mes œuvres comme des histoires tissées qui ne sont pas linéaires, mais qui s'entremêlent de manière complexe. Dans le même ordre d'idées, ce travail joue avec l'idée que le temps n'est pas quelque chose de rigide mais de ductile ou de tissable, ce qui ouvre la voie à des questions telles que la manière dont nous pourrions vouloir tisser l'avenir.